L’allotélie supposée de la démocratie justifie-t-elle une régression politique?


Hier, lors de deux événements sociaux successifs mais distincts, j’ai discuté avec « un panel assez large » de citoyens pour expliquer pourquoi je pense que descendre dans la rue a du sens politiquement si et seulement si, on n’envisage pas de démettre l’actuel président par un énième putsch. Je « vendais » l’idée qu’il fallait profiter de la faiblesse actuelle du pouvoir pour renforcer les systèmes de contrôle démocratique. Je m’attendais bien sur à entendre des arguments sur l’état de la corruption qui est généralisée, le fait que nous soyons dans une impasse de la pauvreté, le président qui donne l’image d’un homme qui se fait diriger à la baguette par sa femme ect. Par contre, j’étais loin de présumer qu’une très grande majorité de mes concitoyens, des personnes éduquées comme moins éduquées, réclamaient aujourd’hui l’usage d’un pouvoir autoritaire, voire totalitaire pour faire progresser le pays.
Si les « éduqués » justifiaient leur position par la nécessité d’un dirigisme fort pour apporter le progrès et défendre le bien commun, des notions selon eux, inintelligibles par la plèbe, les moins éduquées pensaient qu’un retour en arrière vers la colonisation ou un quelconque dirigeant plus autoritaire que l’actuel, allait ramener un passé plus prospère et plus facile pour eux.

Le fait que Madagascar ne progresse pas économiquement et socialement dans le bon sens n’a rien à voir avec la démocratie ou la dictature, mais tout simplement parce que les dirigeants qui se sont succédé, autoritaire ou pas, n’ont pas su mettre en oeuvre une politique de capitalisation des acquis du passé. Pour ceux qui sont intéressé, vous avez ici un lien qui donne une explication. En voici un extrait :
« Pour qu’il y ait un développement économique, il faut :
Un secteur privé ayant une capacité d’initiative pour promouvoir le développement des PME. Cela nécessite obligatoirement un effectif conséquent de population ayant un niveau d’éducation minimum pour analyser le marché et des moyens (financiers entre autres) suffisants pour pouvoir concourir et faire face à la concurrence.
Un équipement infrastructurel suffisant. Les infrastructures sont des vecteurs de développement et en ce sens, elles ne doivent pas être un frein ou une limitation. 
Une politique sociale équitable qui permet le partage des fruits de la croissance et un service social minimum pour les citoyens.
Un système de contrôle efficient des pouvoirs. Autrement, toute forme de concurrence libre ou système basé sur l’égalité des droits resteront des vœux pieux inefficaces.
Un système financier fonctionnel. Pour cela, il faudrait d’abord que les organismes financiers aient une politique axés sur le développement de la capacité de production du pays, avec tout ce que cela comporte comme risque et non un système basé sur les seuls intérêts des actionnaires. »

Constater que les colons ont été de meilleurs visionnaires et gestionnaires économiques que nos dirigeants successifs justifie-t-elle alors le retour à la colonisation? Pour ceux dont la capacité d’analyse est limitée, cela est plus que justifiée, bien que cela aille à l’encontre des droits humains les plus élémentaires.
Quant à l’application des lois et le maintien de l’ordre public, ils ne nécessitent guère un quelconque totalitarisme ou dictature, il suffit d’avoir une administration normale qui ose légitimement et légalement user de la force pour défendre l’intérêt public.

Qu’on se le dise, le progrès se trouve dans le futur, dans l’amélioration de notre système politico-économique et non dans la régression vers une soumission à l’esclavage volontaire. Voici une autre piste pour compléter les voies vers un développement économique.

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