Pour les lycéens : à quoi peuvent servir les maths?


Un des événements les plus passionnants et des plus difficiles pour un parent est de voir grandir ses enfants et d’essayer d’en faire le (la) meilleur(e) adulte possible en l’éduquant du mieux qu’on puisse faire. Récemment, une de mes jouvencelles, surement après avoir fait face à ses premières difficultés au lycée, rouspétait sur l’utilité des mathématiques. Par principe, je ne discute jamais avec quelqu’un qui s’emporte pour ne pas perdre mon temps pour rien, car j’ai constaté que l’émotion n’a jamais été un bon compagnon pour la réflexion et la communication.
Mais il fallait que je lui réponde car à son age j’avais exactement le même problème. Et je ne me suis intéressé aux sciences qu’après deux heures de colle qui ont été l’une des plus grandes révélations de ma vie grâce à un certain abbé Meux de Stan’ dans les années 80s. Le meilleur pédagogue que j’ai jamais rencontré.

Comme je me suis dit que je ne vais pas « coller » ma fille pendant des heures pour l’assommer avec mes « révélations », j’ai d’abord demandé autour de moi pour savoir ce que les parents répondaient dans une telle situation sur le même sujet au cas où on pourrait dire des choses simples, rapides, intelligentes et efficaces. Les réponses m’ont atterré !!!

– Il faut être bon en maths si on veut aller en S… (Et si on veut pas y aller on meurt?)
– C’est une matière difficile donc on l’utilise pour trier les bons des mauvais, (bons et mauvais philosophes, pâtissiers, sociologues, chefs d’entreprise, présidents de la République …????)
– parce que les maths rendent intelligents, (voir fin de ce post)
– sans les maths on ne peut faire de vraies études supérieures, qui ont un sens… (et pourquoi on ne ferme pas tout de suite les autres facs du monde entier et euthanasier par la même occasion les non matheux?)

En plus, les réponses sont assénées avec une telle sûreté! Et pourtant il s’agit de parents ayant fait des études, des personnes éduquées ou des prétendus intellectuels.

Donc à tous les enfants du monde entier : n’écoutez pas ceux qui délivrent de telles bêtises même si ce sont vos parents.
En effet, on peut très bien vivre heureux pour tout le restant de sa vie sans rien comprendre au méthode de Simpson pour calculer l’intégral, ni aux inégalités de Cauchy Schwartz et encore moins aux équations de Schrödinger. Et à moins que vos parents ne soient profs de maths ou travaillant dans des domaines connexes, il y a de forte chance qu’ils ne sachent même pas comment calculer le discriminant réduit d’une équation de second degré. Donc un petit test à faire s’ils vous tannent sur la question 😉

Par contre si vous voulez savoir à quoi servent les maths, voici trois raisons, qui ne sont pas exhaustives, mais qui m’ont permis de m’intéresser à cette matière.

D’abord c’est le langage le plus rigoureux dont dispose l’humanité jusqu’à présent. Donc un langage comme le malgache, le français ou les notes de musique, ou le php ou l’HTML 5. Mais la particularité des maths par rapport aux autres langages, c’est qu’ils sont le plus rigoureux de tous. En math,  le théorème de Pythagore se démontre, par contre si vous dites que « votre prof de math est le dernier des cons », on comprend ce que vous dites mais ça va être difficile à prouver sans éviter son acharnement par la suite, mais surtout parce qu’il faut déjà définir qu’est ce qu’est un con, or on ne sait toujours pas le faire rigoureusement. Pour sa rigueur donc, les maths sont utilisés comme LE langage des sciences et en particulier de la physique. Ça ne veut pas dire que c’est le langage parfait, d’ailleurs un certain Kurt Gödel a démontré un théorème qui porte son nom, pour prouver que les maths ne peuvent pas être un langage parfait et complet. C’est l’incomplétude de Gödel.

Ceci étant derrière la fonction d’assistance vocale de Siri qui va sortir sur l’Iphone 4S, ce sont des algorithmes mathématiques. Idem pour le calculateur des voitures modernes, dans votre appareil reflex numérique, bref « derrière » presque toutes les nouvelles technologies, il y a des maths qui sont la plupart du temps, sur les petits trucs noirs qu’on appelle des processeurs.

C’est aussi un langage qui permet de faire des prédictions, de deviner des choses quoi. Par exemple, en 1915, quand Einstein conçoit la théorie de la relativité générale, il prévoit que les rayons lumineux sont déviés par la gravité des masses. La première démonstration ne fût apportée que 4 ans plus tard par Arthur Eddington partit pour Sao Tomé et Principe lors de l’observation d’une éclipse totale du soleil le 29 mai 1919.
Plus « marrant », la physique quantique, initiée par Max Plank, unifiée par Schrödinger et par les travaux d’Eisenberg (et par je ne sais plus qui mais ça continue encore), a prévu des choses complètement inconcevables par notre bon sens, comme la non localité des particules et l’influence de l’observateur sur les particules. Et pourtant maintes fois confirmées jusqu’à ce jour!
Un ingénieur allemand nommé Heinrich Hertz décrivait ce phénomène comme suit au dix-neuvième siècle : on ne peut échapper au sentiment que ces formules mathématiques ont une existence qui leur est propre, qu’elles sont plus savantes que ceux qui les ont découvertes, et que nous pouvons en extraire plus de science qu’il n’en a été mis à l’origine.
Une simple conjecture pour le moment 😉

C’est un jeu intellectuel inépuisable qui peut s’avérer dès plus passionnant. Prenons un exemple simple : la conjecture de Goldbach. En 1742, un mathématicien Christian Goldbach écrit à son pote Léonard Euler et lui propose sa fameuse conjecture qui est d’une simplicité enfantine :  tout nombre pair supérieur ou égal à 4 est la somme de deux nombres premiers. 269 ans plus tard, on ne sait toujours pas le démontrer et pourtant on n’a jamais pu démontrer le contraire aussi. C’est ce qu’on appelle une conjecture en mathématiques!

Donc voilà à quoi peuvent servir les maths. Mais encore une fois ce sont des raisons non exhaustives, mais que je considère quand même plus intéressantes que celles que j’ai entendu récemment.

Et juste pour l’anecdote : je connais un agrégé de maths, qui ne parle que pour étaler ce qu’il a dans la tête alors qu’on s’en fout complètement, incapable de discuter avec qui que ce soit parce qu’il n’écoute personne à part lui même, et incapable d’écrire un blog aussi élémentaire que le mien. Rien que pour le plaisir, ou peut le traiter de con celui là!

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11 commentaires pour Pour les lycéens : à quoi peuvent servir les maths?

  1. neil dit :

    Les maths servent a dominer le monde et a asseoir sa propre vision de la civilisation!
    – les geniaux egyptiens ont su construire une des sept merveilles du monde (les pyramides), parce qu’ils maitrisaient a leur epoque les maths
    – la grece fut l’une des puissances pourvoyeuses de mathematiciens habiles et qui sont entres dans la posterite…..elle connut son heure de gloire en tant que civilisation dominante
    – puis vinrent les romains et les chretiens et leur main mise sur les connaissances
    – et les russes (l’apogee etant la mise en orbite de spoutnik)
    – et enfin la super puissance americaine (et les mathematiques financieres)
    Je n’oublie surtout pas les chinois (d’antan) et d’aujourd’hui ainsi que les indiens et leurs centaines de milliers d’ingenieurs a l’annee.

    Bref, quiconque veut peser de son poids sur le present et contribuer a creer le futur se doit un minimum de maitriser les maths ….:)

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  2. andrianjorar dit :

    On pourrait dire la même chose des religions aussi 😉
    Mais c’est vrai qu’on peut l’utiliser ainsi sans que les résultats soient garantis.

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  3. neil dit :

    Bah! les maths c’est une quasi religion 🙂
    Une religion telle qu’ils ont pas ete incapable de creer un Nobel a la hauteur des mathematiques! Impossible d’aligner une discipline aussi noble avec le reste….
    D’ailleurs pour l’histoire des resultats non garantis, les maths y ont aussi apporte une reponse: la proba, la martingale, les fractales…..

    Mais bon, pas tres conseille si son propre niveau est intermediaire…..on vaut que dalle sur le marche du travail hi hi!

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  4. Draedgal dit :

    Dans ce post, je n’ai finalement fait que confirmer ce que je pensais des maths, et que cela allé maintenant me servir… A rien. Étant donné que je voudrais aller en L, obtenir mon bac pour partir dans une école d’art pour pouvoir trouver un métier dans l’art graphique [ je ne parle pas de la 3D mesdames et messieurs ], je ne vois vraiment pas l’utilité à présent. Je me pose des questions sur ça depuis la fin du premier trimestre, et même si je suis en seconde ES à ce jour, je n’ai rien contre l’apprentissage pour les autres. Mais comme dis, dans mon cas personnel, je n’en vois plus l’utilité. Pythagore et Thalès, les équations à deux inconnues sont mes derniers apprentissages où j’ai eu l’occasion de me servir.
    De quoi ? La physique ? Oui, elle utilise souvent d’ancienne méthodes déjà vu (enfin, dans mon lycée), et sinon nous voyons les formules avec notre professeur.
    Une dernière chose par rapport à cela, la prof en elle même. Je conçois, elle doit être respectée et patati et patata.
    Mais là, là ! Manque total d’autorité, explications affreuses, méthodes qu’elle complique à un niveau encore jamais égalé dans le présent jour, et magnifiques dérivations vers quelques (peu) méthodes de terminale.

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  5. Draedgal dit :

    Neil, et les arabes… Tu en fais quoi de leur système de mathématiques ? Il est plus avancé que le notre. Ou que celui d’une autre civilisation moderne.

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  6. peuimporte dit :

    J’ai été élève pendant très longtemps de l’abbé Meux, à Stan !!!
    années 1956…terminale en 1967 à Stan

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    • andrianjorar dit :

      C’est marrant, je suis né en 1966! Mais cet homme a été un révélateur dans ma vie. Je sais que beaucoup ne l’ont pas apprécié mais il m’a fait comprendre les sciences et surtout le sens de la dimension humaine et des valeurs.

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  7. peuimporte dit :

    Je suis rentré à Stan en 1955 (10ème) et en 56 j’étais pensionnaire.
    En fait je l’ai eu quasiment sur tout mon parcours de primaire et secondaire, à partir de quelle année ? Je ne m’en souviens plus.
    On avait réellement la trouille quand il arrivait en classe et surtout quand il appelait quelqu’un au tableau. On osait plus bouger !
    C’est grâce à lui que j’aime les maths, malgré un personnage parfois trouble.
    Je m’en souviens comme si c’était hier.
    Vous l’avez connu en quelle année au Collège ?

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    • andrianjorar dit :

      1983 à 1984. C’est vrai que Stan ce n’est pas vraiment un ZEP mais je n’ai pas souvenir d’un père fouettard. Au contraire, la façon dont expliquait certaines choses en prenant un autre point de vue était très efficace pour moi sur le plan pédagogique. En plus il prenait tout le temps d’expliquer.

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  8. peuimporte dit :

    Voilà l’abbé Meux, tel que je l’ai connu – En 1960, je devais être en 6ème ou 5ème.

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